Un témoignage du peintre français Henri YERU

Pour Antonio

Parler d’Antonio, c’est parler d’une conscience qui se crée par la musique et au-delà de la musique, je veux dire l’alternance de la possession et de son détachement ou la plénitude de la matière sonore intime et l’approche du silence très unies en ce lieu que j’appellerai la musique.

Je l’ai dessiné par la lumière, les formes et le rythme, par le plein et le vide, mais comment le saisir dans tout ce qu’il a d’impalpable et pourtant de simplement communicable à qui prend le temps d’écouter la vie.

Nous sommes ici à l’approche la plus humaine d’un absolu, voici un être rare qui vit et conserve une unité dans sa foi, une sorte d’unité originelle comprise dans la musique ; je m’explique : autrefois la musique et la danse n’étaient pas séparées l’une de l’autre comme à présent, la musique naissait du corps et l’intérprétation que nous donne Antonio me restitue cette sensation première qui nous donne la motricité du corps et de l’esprit, l’envie de mouvement.

A son écoute, une chose frappe qui touche profondément, c’est la projection ou l’extériorisation de la note dans l’espace comme une lumière, et son écho c’est une vibration faite de points sonores, tissus parcouru, sorte de volume imaginaire à surfaces spirituelles développées dans le temps, au sens mystique et social, générosité du don qu’il veut partager.

Avec Léo Brouwer, le voici prendre d’autres risques. Aborder la musique qui se fait dans le présent et qui réfléchit notre passage ici bas. Riche de sa magnifique expérience : Bach, Villa-Lobos.

Il interprête presque en prise directe l’essence même de ce qui nous vivons dans les profondeurs avec le plus grand vertige contenu – il faut saluer ce moment inoubliable et réunir l’auteur et son interprète dans la pls grand émotion musicale qu’Antonio nous ait donné à ce jour.

de tous les arts, la musique est celle qui coordonne le soufle et l’air pour exister, elle demande aux musiciens d’êter les médiateurs entre terre et ciel. Antonio a une grande part de ciel en lui et c’est cette part d’infini qu’il veut nous faire toucher du doigt, son monde d’amour et d’amitiés partagés contre l’injustice ouvert à l’harmonie universelle.

Henri Yeru

(extrait du disque vinyle n°4 consacré à Brouwer, Bach, Riera et Vivaldi)

New-York Times

Critique parue dans le New-York Times suite au concert du 21 mars à Alice Tully Hall.

A guitarist new to this country but by no means new to his art made an impressive debut at Alice Tully Hall on Friday and celebrated his 40th brthday in doing so. His name is Antonio Membrado.

In a program that began with pavanes by Milan and moved through works by Neusidler, Narvaez and Sor to 20th century compositions by Falla, Villa-Lobos, Rodrigo Riera and Leo Brouwer, the guitarist revelled a mastery of rythm, timing and color that gave his performance vitality and personality.

The interpretation of the works he had included were so poised and so skillfully executed that the listener felt Mr. Membrado could do almost anything well…

His most arresting performance were those of Villa-Lobos compositions, especially a prelude, a waltz and the Choro n°1. These were particularly attractive works, to be sure, but Mr Membrado enhanced their attractiveness greatly by getting directly to the expressive essence of the music and projeting it for all to enjoy.

Allen Hughes

Sunday, March 23, 1975
New-York Times